
« On aurait tous préféré avoir un petit diable sur terre plutôt qu’un ange au ciel »
Il est tard, je suis installée dans le canapé du salon et je contemple les photos de ta si petite vie depuis une dizaine de minutes. J’observe la pièce. Elle me semble si vide. Ton berceau, ton parc, ton relax ne sont plus là. Ton absence est pesante, et pourtant, chaque recoin de cet espace est chargé de ta mémoire. En visionnant ces images, j’éprouve une immense peine qui me laisse le goût amer d’une existence inachevée.
J’observe les photos de ta naissance. Tu es arrivée comme un boulet de canon provoquant un énorme tsunami dans nos vies. Un accouchement rapide suivi d’une rencontre extraordinaire. Ton premier cri résonne encore… Je me suis tournée vers papa et j’ai crié « On a réussi ! Elle est là ! ». Un immense sentiment de fierté m’a envahie. Tu étais mon cadeau de la vie, Margaux. Grâce à toi, je suis devenue maman pour la troisième fois. Lors de notre premier contact en peau à peau, je me suis laissée enivrée par l’amour qui émanait de ton regard. Prise d’un tremblement incontrôlable, je flottais sur un nuage. Tu étais belle et tellement coquine déjà. Tu as rapidement montré ton caractère en m’arrosant généreusement de tes premières selles collantes, le méconium. Papa et moi avons souri ! En y repesant, je souris à nouveau.
J’ai ressenti un léger pincement au cœur lorsque mes yeux se sont arrêtés sur les images de notre séjour à l’hôpital. Couchée dans ce petit lit aux parois transparentes et emmitouflée dans ta gigoteuse blanche avec des motifs en forme d’étoile, je t’ai admirée durant de longues heures. Ce moment rien qu’à nous, perdues dans notre petite bulle, était hors du temps. Il m’a permis de me projeter petit à petit dans cette nouvelle vie de famille à cinq, à présent maman de trois adorables petites créatures. Deux petits diablotins nous attendaient à la maison avec impatience et j’avais hâte de te présenter à eux.
J’ai dernièrement fait appel à une association dans l’idée que parler de toi, de ce que je ressens avec des personnes qui vivent ou qui ont vécu un deuil similaire allait certainement me faire du bien. J’y ai été accueillie avec beaucoup de bienveillance et je suis parvenue à faire plusieurs pas en avant. J’ai retenu la phrase suivante d’un échange téléphonique avec l’une des animatrices des groupes de rencontre de parents endeuillés : « On aurait tous préféré avoir un diable sur terre plutôt qu’un ange au ciel ». Je ne sais l’expliquer, cette parole m’a amusée. Je t’ai imaginée à l’âge de 2 ans en pleine colère pour un jouet que tu ne pouvais avoir. Car, il est certain, que nous n’aurions pas échappé à tes bêtises en grandissant. Aujourd’hui, Je vis les crises et les revendications de tes deux frères avec beaucoup plus de tolérance et de douceur. Tu m’as appris à relativiser. Un enfant qui vit ses émotions est un enfant vivant.
Il est tard, je suis installée dans le canapé du salon et je contemple les photos de ta si petite vie depuis une dizaine de minutes. J’observe la pièce. Elle me semble si vide. Ton berceau, ton parc, ton relax ne sont plus là. Ton absence est pesante, et pourtant, chaque recoin de cet espace est chargé de ta mémoire. En visionnant ces images, j’éprouve une immense peine qui me laisse le goût amer d’une existence inachevée.
J’observe les photos de ta naissance. Tu es arrivée comme un boulet de canon provoquant un énorme tsunami dans nos vies. Un accouchement rapide suivi d’une rencontre extraordinaire. Ton premier cri résonne encore… Je me suis tournée vers papa et j’ai crié « On a réussi ! Elle est là ! ». Un immense sentiment de fierté m’a envahie. Tu étais mon cadeau de la vie, Margaux. Grâce à toi, je suis devenue maman pour la troisième fois. Lors de notre premier contact en peau à peau, je me suis laissée enivrée par l’amour qui émanait de ton regard. Prise d’un tremblement incontrôlable, je flottais sur un nuage. Tu étais belle et tellement coquine déjà. Tu as rapidement montré ton caractère en m’arrosant généreusement de tes premières selles collantes, le méconium. Papa et moi avons souri ! En y repesant, je souris à nouveau.
J’ai ressenti un léger pincement au cœur lorsque mes yeux se sont arrêtés sur les images de notre séjour à l’hôpital. Couchée dans ce petit lit aux parois transparentes et emmitouflée dans ta gigoteuse blanche avec des motifs en forme d’étoile, je t’ai admirée durant de longues heures. Ce moment rien qu’à nous, perdues dans notre petite bulle, était hors du temps. Il m’a permis de me projeter petit à petit dans cette nouvelle vie de famille à cinq, à présent maman de trois adorables petites créatures. Deux petits diablotins nous attendaient à la maison avec impatience et j’avais hâte de te présenter à eux.
J’ai dernièrement fait appel à une association dans l’idée que parler de toi, de ce que je ressens avec des personnes qui vivent ou qui ont vécu un deuil similaire allait certainement me faire du bien. J’y ai été accueillie avec beaucoup de bienveillance et je suis parvenue à faire plusieurs pas en avant. J’ai retenu la phrase suivante d’un échange téléphonique avec l’une des animatrices des groupes de rencontre de parents endeuillés : « On aurait tous préféré avoir un diable sur terre plutôt qu’un ange au ciel ». Je ne sais l’expliquer, cette parole m’a amusée. Je t’ai imaginée à l’âge de 2 ans en pleine colère pour un jouet que tu ne pouvais avoir. Car, il est certain, que nous n’aurions pas échappé à tes bêtises en grandissant. Aujourd’hui, Je vis les crises et les revendications de tes deux frères avec beaucoup plus de tolérance et de douceur. Tu m’as appris à relativiser. Un enfant qui vit ses émotions est un enfant vivant.