Extraits du journal

Je somatise

Ma douleur psychique se transforme en douleur physique

« Bonjour Margaux, 

Je suis assise sur le canapé du salon et t’exprime fébrilement mon état d’esprit du moment. Je me sens mal. Ton absence me pèse. Ma peine est tellement grande, mon amour. Comment faire face à cette terrible réalité ? Pourquoi m’as-tu été arrachée ? C’est incompréhensible. Tout allait si bien. Tu étais en parfaite santé. Imaginer mon été sans toi me paraît impossible. Nous avions des projets à cinq. Notre avenir entier a été chamboulé. Il est impensable pour moi de regarder en avant, de construire des projets différents de ceux que nous avions imaginés au départ. Comment arriver à se projeter ? Tu n’es plus là. Comment survivre à ta perte ? Je suis atteinte dans mes entrailles. Mon cœur saigne. Cette vive douleur ne me lâche plus depuis le 11 mai. Mon diaphragme, aussi dur qu’un caillou, ne parvient plus à se détendre. Mon corps entier souffre de tout un tas de maux. Je ne dors plus, j’ai des vertiges, des céphalées, des tensions musculaires, des nausées. Je n’ai rien avalé depuis plusieurs jours à part le bouillon que tes oncles et tantes me forcent à boire. Mon estomac vide ne réclame plus de nourriture. Je n’ai plus la force, ni l’envie de prendre soin de moi. Répondre à mes besoins primaires est devenu difficile. Ma vie est désormais synonyme de souffrances.  

Dans mon malaise, tu viens me réchauffer le dos en m’envoyant un magnifique rayon de lumière, comme pour m’extirper de l’obscurité dans laquelle je m’engouffre. Cette chaleur que tu m’envoie m’encourage à me lever pour profiter de ma journée avec tes frères. Merci ma chérie! »

Auteur

norah.siegenthaler@bluewin.ch
Je m'appelle Norah Simon. Je suis née le 30 octobre 1989 à Lausanne. J'ai suivi une formation d'enseignante primaire à la Haute Ecole Pédagogique de Lausanne. J'ai toujours apprécié la lecture et l'écriture. Depuis le décès de ma fille, j'y ai trouvé un refuge, un moyen d'évacuer mon trop-plein d'émotions, un véritable exutoire.